(Topic Commun) - Night Market / Tous

 L'avait déjà vraiment pas envie de foutre les pieds dans ce marché le belges, avait tenté d'éviter la sortie avec des esquives digne d'un épéiste, mais s'était finalement fait tirer l'col par la jumelle qui l'avait attaché dans sa caisse et lui avait hurlé dans les oreilles en espagnol jusqu'à ce qu'il démarre le moteur dans une secousse lui clouant effectivement le bec. C'est ainsi qu'il s'était retrouvé à suivre sa moitié tel un fantôme, lunettes de soleil sur l'nez tandis que les rayons de l'astre couchant imbibes l'ambiance d'un orange dégoulinant, les tympans qui tambourinent encore de la soirée d'hier, l'estomac dans les talons et la bouche pâteuse, c'est que plus il vieillis et plus il met d'temps à s'en remettre de ces sorties nocturnes. Alondra elle s'extasie sur chaque stand qu'sort un peu du lot tandis que Alastor lui mate les stands de nourriture avec c'regard d'amoureux transis et lorsque son ventre émet un grondement sourd en se réveillant finalement de sa torpeur, voilà qu'il se retourne subitement vers... rien? shit... i lost her... again?! C'est qu'à ce stade c'est une aussi grande habitude d'les voir ensemble que de les voir paumer à se chercher mutuellement à travers tout l'conté. Alors il fait le chemin inverse, mais la trouve pas, refais le même chemin, la trouve toujours pas, refais le chemin inverse, la trouve pas mais s'retrouve à un endroit différent se perdant en cherchant la sœur perdue, abandonne l'idée de la retrouver naturellement avec l'adversité en plein caprice, foutue adversité. S'approche d'une table où dîne un couple, leurs demande à demi mots s'ils ont vu sa jumelle, regard désabusé pour seule réponse.

-- Bah ça va si j'voulais être observé comme ça j'irais voir ma mère merci bien!! Non mais ....

Marmonne dans sa fine barbe en s'éloignant tendu, laissant un couple complètement perdu derrière lui, pense un instant à tout arrêter et se laisser tomber ici sur ce patch de sable et pleurer. Hésite, pèse le pour et le contre, à deux doigts de le faire lorsqu'une douce odeur vient lui chatouiller les naseaux. Soudainement ça sent bon les épices, ça sent bon acapulco, ça le fait saliver, l'hypnotise jusqu'à ce qu'il se retrouve devant le stand sans même avoir donné l'ordre à son corps cassé de se mettre en marche. Passe commande pour un succulent burritos qui risque bien d'atomiser un estomac déjà en péril mais qu'importe, crèvera heureux. Renifle bruyamment en retenant ses larmes lorsque le vendeur lui dit qu'il va falloir attendre un peu, vendeur qui rigole en pensant qu'c'est une blague alors Al il s'décale, vexé, attend son tour assis en tailleur par flemme d'aller s'mettre aux tables à 3 petits mètres lorsque son attention se pose sur un visage familier qui vagabonde tranquillement.

-- EUPOS!

Qu'il gueule dans son insouciance de déranger les gens autour, s'trompe aussi d'syllabes en massacrant le prénom de son barista favoris, well whatever, gesticule d'son spot au sol pour que le brun le remarque.

A peine arrivée qu’elle avait d’jà la voix enraillée, avait passé une bonne heure à gueuler après le fraté, jumeau dissident qui lui avait promis qu’ils iraient au marché la veille au soir, s'était mis à chouiner au moment de décoller. Soi-disant qu’il avait changé d’avis. Et puis quoi encore ?

L’traina dans les allées, les pas emboités, les mouvements synchronisés, les deux Boudins marchaient d’un seul bruit. Alondra passa de stand en stand. Boissons, nourriture, restaurant, nourriture, bijoux, boissons. Un verre ne serait peut-être pas de refus. Quoique, manger ça serait bien aussi. Ils ont toujours eu de l’appétit les jumeaux, « vaut mieux les avoir en photo qu’à table » qu’elle disait Tia Mirabel. Et elle allait soumettre l’idée de s’arrêter grailler à son sosie raté lorsqu’un truc interpella sa rétine, tâches de couleurs esquintant le coin de son œil. S’élança vers l’étale, chopa deux t-shirts. Spirales psychédéliques réinterprétées, l’arc-en-ciel remplacé par des monochromes jaune et violet. « ¡Mira eso ! On serait presque assortis avec ça ! Abuelita, elle serait trop contente. Elle aime trop nous assortir ! » Qu’elle se mit à beugler. Marqua une pause, s’attendait à entendre son frère s’exclamer que c’était une super idée, qu’ils devaient les acheter et les enfiler sur le champ, comme l’môme impatient qu’il est, mais rien ne vint. Fronça les sourcils, pivota sur elle-même, lentement. Très lentement. Trop lentement. Comme si sa lenteur allait donner le temps à son frère d’apparaitre. Comme si sa lenteur allait retarder l’inévitable. Comme si sa lenteur allait l’empêcher de se confronter à la triste réalité des choses. Elle avait perdu Alastor. Encore.

Prit une profonde inspiration en lâchant un des t-shirt, l’souffle coupé par une découverte qui ne surprenait plus qu’elle. Resta sur place quelques secondes avant d’se mettre à cavaler dans les allées, tenta de faire marche arrière, beugua à une intersection, arrivait plus à savoir si elle venait d’la gauche ou d’la droite. « ¡Mierda ! » Croisa les bras et se pinça l’arrête du nez. Comment pouvait-elle le retrouver dans cette masse uniforme ? Si seulement elle était un oiseau, elle aurait pu voler à travers la foule et se poser sur l’épaule de son frère et le prendre dans ses serfs et s’envoler et le redéposer pile là où elle était et ils pourraient acheter les t-shirt qu’elle ne pourrait pas mettre puisqu’il serait inconcevable qu’un volatile puisse porter un maillot. Prit une profonde inspiration en relâchant son nez, frappée par une idée de génie. Elle s’approcha d’un stand et se hissa sur l’étale, piétinant la marchandise avec ses larges baskets aux semelles illuminées. S’remit à gueuler le nom du fraté. « Al ! Ally ! Allo ! Allou ! Al ! Aïe ! » Une douleur aussi vive que soudaine s’répandit dans son tibias. Jeta un r’gard mauvais au vendeur, vieillard braillard armé d’une saleté de canne. « Ça va pas la peine d’me taper ! Vous savez c’est pas très cordiale comme façon de traiter les gens ! C’est pas étonnant qu’y’ait personne à votre stand ! En plus ça craint d’vendre des bijoux cassés ! » Descendit d’son perchoir et reprit sa route, scrutant tout ceux qu’elle croisait, confondant parfois son frère avec un passant infortuné. « Al ! Ah non. Vous devriez vous lisser les cheveux ça éviterait que les gens vous prennent pour quelqu’un d’autre ! »

S’était retrouvée sans trop savoir comment près de l’entrée du marché. S’approcha d’un couple de femme en désespoir de cause, tapa frénétiquement sur l’épaule d’une d’entre elle. « Bonjour ! Woauh j’adore v’tre jupe. Vous auriez pas vu mon frère ? Il me ressemble pas du tout. Il est grand comme ça ! Il a des cheveux noirs, tout court et bouclé. Il ressemble un peu à un mouton. Il a un peu de barbe au menton, mais pas trop. Notre tio, il dit qu’il a une barbe de puceau. Il a des grains de beauté sur le visage aussi ! Et … » « EUPOS ! » La tirade brisée par le lointain echo d’une voix connue et reconnue. Alastor ne devait pas être loin ! « Ah bah c’est bon, je vais le trouver ! » qu’elle s’exclama avant de reprendre sa course, bousculant la femme à qui elle s’était adressé une seconde plus tôt. « Al ! »  Vit finalement le petit brun, assis à même l’sol et face à lui, une autre tête brune. Rush d’endorphine, submergée par la joie des retrouvailles imminentes, elle n’fit même pas gaffe à c’qui se trouvait sous son nez. Se prit les pieds dans un cageot vide et s’étala d’tout son long dans les bacs d’un marchand de poisson. « Euh … Pardon ? Pardon ! Pardon ! » qu’elle s’écria en se détachant des mérous et sardines. « Pardon ! Pardon ! » qu’elle continua alors qu’elle s’éloignait d’un vendeur de plus en plus menaçant. « Pardon ! Pardon ! Pardon ! Oh c’est bon, vous aussi vous vous seriez retrouvé dans cette situation si vous aviez perdu v’tre frère ! » Qu’elle finit par s’écrier avant d’détaler. S’remit à cavaler. N’sarrêta qu’lorsqu’elle arriva à la hauteur du dit frère. « Je t’ai cherché partout ! Les gens sont vraiment pas sympa ici ! Ah, salut toi ! Y a des types ils vont voulu qu’on se frappe et j’ai failli embrasser un poisson qui pue et, et, et … Ouh là, j’me sens pas très bien tout à coup … »