Ces deux vents, si beaux, viens on recommence à zéro | Iris

T’as cette habitude de te rendre toujours au même endroit, à la même heure depuis cinq ans. Comme si cet endroit te rendrait ton père, ou te ferait revenir en arrière. T’as l’impression qu’avec le temps, ça irait mieux et probablement que c’est le cas, certains jours. Mais il y a encore tellement de jours qui restent compliqués que t’as l’impression que tu finiras par perdre patience. Il faut se rappeler les bons moments, t’a-t-on dit. Et c’est ce que t’essaies de faire, toute seule, à cet endroit. Tu ne parles jamais de lui, à personne. Les plus proches savent, les autres devinent, ou imaginent. Ils n’imaginent peut-être pas le meilleur scénario, ni le bon, mais ils imaginent malgré tout et toi tu les laisses faire, parce que c’est toujours plus simple que de devoir t’expliquer. Et puis au fond, tu te fiches bien de ce qu’ils pensent vraiment.

Tu gardes trop de choses pour toi, Nisa. Et ce peut-être depuis un peu trop longtemps. La danse t’aide à avancer, tes amis t'aident aussi et puis aujourd’hui, tu te raccroches à Lonnie. Il ne s’imagine sans doute pas la place qu’il prend, et il ne s’imagine pas non plus que le jour où il décidera que t’es beaucoup trop jeune pour lui, il te réduira un peu plus au néant. Il ne sera que le deuxième homme à te briser le cœur, après ton père, lui. Pourquoi tu penses comme ça, Nisa ? Tu ne sais même pas. Parce qu’au fond, t'as l’impression que tout ça est trop compliqué pour que ça tienne. Iris. Lucas. Percy. Lonnie. Et puis toi. T’as l’impression de te trouver face à des pièces de puzzle qui ne vont pas ensemble. Pourtant, ton envie à toi serait de découper chaque pièce pour faire en sorte que tout tienne, mais t’as pas encore trouver la bonne paire de ciseaux pour cela.

Assise sur cet amas de rocher, tu fixes l’horizon et le coucher de soleil qui se dessine sous tes yeux. Ca ne dure que quelques instants, mais c’est l’un des spectacles qui te réchauffe le cœur dans tes moments de moins bien, ou de solitude. Ca te réchauffe le visage, le cœur, et tes pensées sont toujours plus belles, plus optimistes une fois que tu quittes cet endroit. T’as envie de penser que pour toi, cet endroit est magique, mais t’es pas suffisamment utopiste pour croire que c’est l’endroit qui fait ça. Toi, tu crois que c’est plutôt la beauté du paysage qui te fait comprendre que même quand les nuages sont gris, les rayons du soleil trouvent toujours un moyen de briller à un moment donné.