atchoum (ashbi)

Installée en tailleur dans la chambre, la jeune femme contemplait son nouveau compagnon apprivoiser ce nouvel environnement avec curiosité. Elle voulait poser sa main sur son pelage noir, le caresser et le papouiller à volonté. Hélas. Elle ne pouvait que le regarder. Déjà ses paupières se gonflaient tandis que le blanc de ses yeux rougissaient à mesure qu'elle reniflait l'air infecté de poils de chat. Son nez dégoulinait. Mais elle n'osait s'absenter pour récupérer le papier toilette des salles de bain communes. Ni elle, ni Alastor ne possédait de mouchoirs. Alors, comme une enfant de douze ans, elle raclait la substance visqueuse avec son poignée afin de limiter les dégâts. Puis surtout, elle craignait qu'en son absence le chat ne s'amusât à chasser le poussin de son coloc. Elle ne voulait certainement pas avoir la mort de cette créature plumée sur la conscience. Alastor ne s'en remettrait sûrement jamais. Elle non plus. Sa main frotta ses yeux qui la piquaient. À peine commencer, que les démangeaisons s'accentuèrent. Un premier éternuement. L'air expulsé par son nez et sa bouche résonna dans toute la pièce. Le chat prit peur et se faufila sous le lit d'Alastor. De toute évidence, l'animal préféré le bordel de son coloc au rangement de son espace. Un peu triste par cette attirance non justifiée, après tout c'était elle qui l'avait recueilli, mais elle était soulagée de savoir que ces affaires ne seraient pas envahies de ses poils. Deuxième éternuement. L'écoulement de son nez s'intensifiait. Il fallait agir. De toute évidence, le chat ne semblait pas vouloir bouger de sa cachette. Alors elle se leva pour chercher de quoi assouvir les chatouillis qui la dérangeaient dans ces canaux nasales. Troisième éternuement. Elle fouilla dans sa table de chevet en quête d'un paquet oublié. Malheureusement, rien de semblable ne s'y trouvait. Elle soupira. Elle devait chercher du côté bordélique de la chambre. Au milieu de tout ce bazar, elle était persuadée de trouver ce qu'elle cherchait mais au bout de combien de temps. C'était comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Impossible. Elle ouvrit un premier tiroir et le referma aussitôt. La vision horrifia son insouciance. Alastor. Elle examina encore un petit temps puis finit par trouver. Enfin. Elle se moucha. Vida tous les miasmes bloqués dans ses tuyaux. Déjà, elle se sentait mieux. Elle pourrait accueillir le propriétaire du chat avec un peu plus de classe. Alors qu'elle marchait jusqu'à la poubelle, la petite bête en profita pour l'attaquer depuis le dessous du lit de son coloc. Ses petites pattes s'accrochèrent aux fils de ses chaussettes. Le visage de la jeune femme se transforma aussitôt. Attendrie devant les pupilles remplies de malice du chat, elle fondit devant tant de mignonnerie.

— Oh non mais tu es beaucoup trop chou toi.

L'animal la fixait en toute simplicité. Un brin d'innocence dans le regard, Bibi ne pouvait résister. Elle approcha sa main pour le caresser. Quatrième éternuement. Le chat sursauta et se précipita une nouvelle fois sous le lit d'Alastor. Désespérée, Bianca se pencha et l'appela :

— N'aie pas peur petit chat, je veux juste jouer avec toi.

En même temps, elle agitait la chaussette qu'elle venait de retirer pour tenter de l'amadouer.

— Petit chat, viens par là.

Elle renifla. Ses sinus martelaient sa tête. Mais elle préféra ignorer la souffrance. Devant une créature si adorable, elle ne pouvait pas résister. Obligée de profiter de chaque instant avant qu'on ne vienne lui retirer. C'était son moment à elle. À eux. Elle sentait bien qu'une amitié se liait entre la bête et elle. Il s'approchait. Doucement, avec crainte mais quand enfin la pulpe de ses doigts trouvèrent ses poils, la machine à ronronnement se déclencha peu de temps après.

— Olala mais tié trop chou petit chat… tu aimes bien quand je te gratte ici… bah alors petit filou, tien as de la chance.

D'une voix fluette, elle conversait avec lui en toute simplicité. Ses yeux la piquaient intensément. Elle voulait se les frotter mais résista. Maintenant qu'elle avait caressé l'objet de ses tourments respiratoires, elle ne pouvait plus les frotter. Alors elle les laissa pleurer. Mais elle était heureuse.
Puis on frappa à la porte. Noooon. Le maître du chat venait récupérer son enfant. Son coeur se déchira lorsqu'elle retira sa main de la boule de poils car elle voyait bien qu'il en attendait encore. Sans prendre en compte son état lamentable, ses yeux bouffis et son nez coulant, elle alla ouvrir, le coeur lourd et le pas las.