baby, you CAN'T drive my car ― marybel

C’était sa première journée de congé depuis un bon moment; une journée durant laquelle Jonas n’avait qu’une seule préoccupation : lui-même. Pas de service à rendre à Darren, à Marybeth, ou tout autre membre de sa famille. Pas d’appel d’un de ses enfants à retourner ni de son ex-femme, Regan. Les coups de fil de leur part se faisaient de plus en plus rares avec les années, de toute manière, puisque Jeremy et Bianca devenaient de plus en plus indépendants avec l’âge. Pas comme s’ils avaient déjà été dépendants de Joe, lui qui n’avait jamais réellement été présent dans leur vie, à part durant leur enfance, mais c’était parce qu’il n’avait pas le choix. À l’époque, Regan était toujours au travail, sa carrière florissante au sein de la police de Missoula nécessitant tout son temps. Quoique, devenue détective aujourd’hui au service du Miami Police Department, Jonas doutait que l’horaire de son ancienne épouse ait vraiment changé. Dans le temps, c’était une des choses qu’il lui avait énormément reproché.

Dans tous les cas, aujourd’hui, Joe n’avait aucune pensée pour tous les membres de son entourage immédiat. Il allait profiter de cette journée pour s’adonner à un passe-temps qu’il affectionnait particulièrement, soit les balades dans les Everglades. Enfin, balade n’était pas vraiment le mot juste : Jonas allait littéralement s’enfoncer dans les marais floridiens à la recherche d’alligators. Il avait appris à les observer sans les alerter et pouvait donc passer du temps à les regarder sans risquer de se faire repérer. Autrefois, autant il avait aimé le calme de la pêche, maintenant, il s’était découvert une fascination pour ces énormes bêtes. Leur férocité et leur mode de vie l’intriguaient plus que Jonas ne l’avait jamais été envers un animal. Peut-être était-ce aussi dû à l’adrénaline de les pourchasser dans les marécages. Il n’en savait trop rien.

Pour l’occasion, Jonas était vêtu d’un short cargo et de bottes imperméables, d’un t-shirt et d’une veste munie de plusieurs petites poches. Il était loin de son allure de dur à cuire habituelle. De plus, il sentait le chasse-moustique à plein nez, ce qui n’était pas une fragrance bien agréable. Mais quand on comptait s’enfoncer dans les Everglades, c’était un must. En route vers le sud-ouest de la ville, il se dirigeait vers l’autoroute, la musique en fond. Il chantonnait, un peu faux, tout en conduisant, le sourire niais aux lèvres de celui qui s’attend à passer une belle journée reposante, malgré les quelques nuages gris qui menaçaient de déverser leur flotte.

BANG!

Jonas n’avait pas vu venir le coup. La voiture devant lui venait de freiner subitement, ne lui permettant pas de réagir à temps pour éviter une collision. La gaieté qui se lisait sur son visage quelques secondes auparavant avait complètement disparu, alors qu’il retirait sa ceinture de sécurité pour sortir en furie de sa voiture.

― Hé champion, t’as oublié comment conduire? s’écria-t-il en s'approchant de la portière avant de s’apercevoir que le dit champion était en fait une championne. Sur le visage de Jonas, il était clair qu’il n’était pas du tout surpris de voir que la responsable de l’accident était une femme.

BABY, YOU CAN'T DRIVE MY CAR @Jonas Strand
TW: accident de voiture, infidélité de son mari
Marybel avait une journée si intense, l'hôtel venait d'ouvrir depuis un mois et c'était un vrai succès, une vraie fierté pour la PDG de l'hôtel. Il faut dire qu'elle s'est vraiment battue pour mettre en place tout cela, entre les décoration, le choix du personnel, les invitations et la soirée d'ouverture. C'était si bien. Une belle soirée qui s'est passée il y a un mois.
La brune se trouvait sur la route au téléphone avec son équipe, jamais elle ne peut rester loin de l'organisation de l'hôtel, souhaite tout savoir et aider autant qu'elle le peut. Ce rôle de PDG elle le voulait depuis longtemps et franchement elle s'était battue pour en arriver là, au départ des petits emplois dans les hôtels en commençant par la réception puis elle a monté l'échelle comme on dit.
Alors qu'elle a la tête dans ses pensées Marybel freina violament pour éviter la voiture qui se trouvait devant elle qui avait aussi freiné d'un coup. C'est là que celui derrière elle la percuta, heureusement pour la conductrice qu'elle avait mis sa ceinture de sécurité. Elle n'aimait pas spécialement la mettre, ni même conduire mais bon aujourd'hui pas d'autres choix. C'est sûr qu'elle avait être en retard.
« Bordel … c'est vraiment pas le moment » cria t-elle dans sa voiture, c'était son premier accident depuis qu'elle avait son permis alors autant dire que ça allait quand même. C'est alors qu'un homme arriva en criant lui aussi visiblement en colère par la situation en croyant que c'était un homme elle aussi. « Champion ? Vous n'aviez qu'à pas me coller autant et freiner aussi ... » lança t-elle s'en attendre en se détachant pour sortir de sa voiture afin d'avoir une discussion avec cet homme là. Un inconnu pour elle.
Le point positif c'est que personne n'a été blessé donc déjà aucun soucis de ce côté là par contre le coffre de son range rover était bien enfoncé. « J'espère que vous êtes bien assuré, c'est vous le responsable …. » se contente t-elle de dire légèrement agacée par la situation, Marybel avait bien autre chose à faire que de devoir gérer un accident comme ça. Son mari allait être fou et ça allait lancer une dispute entre eux encore, de toute façon s'ils étaient encore mariés c'était surtout pour les apparences rien de plus, ils n'étaient plus un couple depuis dix ans maintenant. L'infidélité de son mari n'était pas une scoop pour elle.

Celle qu’il avait prise pour un homme avant de l’entendre hurler dans sa voiture et d’apercevoir sa chevelure par la fenêtre de la portière sortit à son tour brusquement. Elle s’adressa à Jonas de la même façon que lui, c’est-à-dire avec colère, bien qu’elle soit restée plus polie que lui juste par le fait qu’elle le vouvoyait. Lui, il était déjà aux termes familiers. Les gants blancs, ça n’avait jamais été son fort, surtout pas dans une situation comme celle-ci. Avant même de répondre au petit bout de femme qui se tenait devant lui ― même avec les grandes échasses qui lui servaient de chaussures, Jonas la dépassait quand même d’une bonne tête et demie ― il jeta un oeil au devant de sa voiture pour découvrir les dégâts. Son pare-choc était abîmé, sans grande surprise et on pouvait voir l’arrière de l’auto de la femme creuser une trace dedans.

― Comment ça, c’est moi le responsable? On freine pas aussi sec sur l’autoroute, bordel! répondit-il tout simplement sans toutefois la regarder, beaucoup trop préoccupé par le bris de son pare-choc. Jonas s’était d’ailleurs approché de sa voiture et s’était mis à passer sa main sur les traces laissées par la voiture de la femme afin d’analyser la situation. Il ne se souciait même pas si sa propre voiture avait fait des dommages ni même de l’état de la femme, qui avait peut-être une blessure ou quoi que ce soit d’autre. Tout ce qui comptait pour lui, c’était le bris sur son auto et ce que ça lui coûterait en réparation. Évidemment qu’il avait des assurances, mais ça ne couvrait pas toujours tout.

Autour d’eux, les voitures continuaient de rouler, certaines à toute vitesse, d’autres en prenant soin de ne pas les heurter puisqu’ils se trouvaient en plein milieu de la route. On les klaxonnait, on leur lançait des bêtises aussi auxquelles Jonas répondait par un doigt d’honneur. Finalement, il s’adresse à nouveau à la femme.

― Range-toi sur le côté qu’on en finisse.

Il fallait bien sûr qu’ils échangent leurs coordonnées pour leurs assureurs respectifs, bien qu’il n’ait absolument pas envie d’avoir encore affaire avec une étourdie de la sorte. Jonas s’installa derrière le volant et attendit que la femme bouge sa voiture pour faire de même.