celui où on prend les devants - lucas & alaska

Comme quoi des hasards, comme quoi des moments pas prévus et puis la roue qui tourne et voilà la belle salle des pi sigma. Quand Alaska s'y pointe, elle aurait dû rentrer chez elle directement. Elle aurait du partir et aller réviser pour le mini examen du lendemain où elle sait qu'elle voit foirer parce qu'elle n'aime ni le prof ni la matière elle s'en doute mais bon. Elle n'a pas envie d'y penser, elle veut trainer un peu avec des copains peut être trouver une bonne âme pour réviser avec elle. Elle croit au petit bonheur la chance, elle se dit qu'elle va être inspirée sur le moment on verra bien tout ça tout ça. Ou au pire pour juste un moment avant de forcer à rouvrir ses notes.

Et puis le hasard le destin qui sait donc et elle voit l'autre un peu plus loin. Bah oui. Elle aurait dû s'en douter que ça finirait par arriver, qu'ils ont encore des potes communs, une université, une confrérie en commun, ils allaient forcément se recroiser. Et Alaska n'est pas du genre à faire demi tour et à reprendre la porte. Trop facile. Alors elle pourrait aussi se faire discrète et juste se faufiler dans la pièce, se poser plus loin, aller voir ailleurs si elle y est. Que nenni. C'est comme si elle se voyait déjà elle même s'avancer vers Lucas, remettre ses cheveux en arrière, très important le mouvement de cheveux et se mettre un petit sourire sur le visage. Ca fait quoi des mois des années qu'ils ne se sont pas vus ? Difficile à s'en rappeler. Elle se rappelle son visage pourtant ses cheveux là et ca serait presque un peu nostalgique. Elle se dit qu'elle doit saisir l'occasion. Parce que ça sert à rien qu'elle lui envoie un message, même sur instagram, il ne lui répondrait pas. Là même rien ne dit qu'il ne va pas s'enfuir en courant.

En tout cas pas elle. Et puis bon le fameux allez ça sera fait. C'est comme arracher un pansement faut le faire en une fois ça fait mal sur le coup et après on passe à autre chose. Alors Alaska réfléchit à peine avant de s'avancer vers Lucas. Parce que ça serait idiot de ne pas le faire qu'elle pense. Elle sourit en marchant Alaska en s'avançant et elle se pose en face de lui. Genre vraiment elle pose son sac de cours, histoire de faire du bruit et d'attirer son attention, au lieu d'être polie et de dire bonjour, vraiment, rien de subtil. "Ca fait longtemps Weaver." Oui bah au point ils en sont c'est à dire au néant, le vide même pire le moins mille niveau relation ça semble plutôt cohérent le nom de famille. Trop tôt pour le prénom. Quand on s'est appelé par des trucs tout doux, bref. "Comment tu vas ? Les études, tout ça ? Oh et comment va ta mère ?" C'est grave gênant, de faire comme s'ils s'étaient croisés y a juste cinq minutes. Elle s'attend à se faire recaler en deux secondes mais il va lui en falloir plus pour qu'elle parte. "Je me suis dis qu'on pourrait juste parler cinq minutes ?" Alors qu'il lui donnera sans doute même pas l'heure. Elle parle à la première personne Alaska. Elle veut avoir cette conversation et dans le film de sa vie, c'était là le bon moment.

Bon bah visiblement elle le dérange, mais ça elle le savait depuis un bail. Elle allait toujours le déranger quoi qu'elle fasse. C'est exactement ce qu'elle pensait quand elle se disait qu'il n'allait jamais lui répondre si elle lui envoyait un message ou si elle l'appelait. Moins il la voit mieux il se porte sans doute. Alaska soupire en voyant sa tête. Il sursaute et il voit son visage et il se ferme. Direct. Bah oui évidemment. Ca elle peut comprendre. C'était évident. Mais ça ne l'arrête pas la blonde. Elle a une occasion. Elle a littérament cinq minutes pour lui parler elle va en profiter. Toujours saisir les opportunités.

Et puis vu qu'il l'invite elle ne se fait pas prier, elle tire une chaise pour s'y poser, croise les jambes sans le quitter des yeux, des fois qu'il disparaisse. Elle en profite pour l'analyser d'un peu plus près, de se rappeler les traits de son visage qu'elle connait pourtant. Bah oui elle est sérieuse. Purée elle avait oublié quand il est énervé c'est à la fois effrayant et drôle, elle a envie de le regarder encore et encore. Pauvre ordinateur portable qui claque, il risque de prendre pour son grade parce que bon, Lucas n'est pas violent. Ses petits cheveux là. Elle garde son petit sourire en coin. Saleté. Elle sait qu'elle risque de se prendre un vent, une porte, quoi qu'autre chose, fin Lucas risque de partir en courant mais bon. La chance sourit aux audacieux. "C'est sympa de répondre à mes questions, j'avais oublié ta cordialité légendaire. Mais oui, moi je vais bien, merci de poser la question." L'hôpital, la charité, tout ça tout ça hein, vraiment c'est pas la politesse qui étouffe Alaska.

"Vraiment, je veux juste qu'on parle de toi, savoir comment tu vas depuis longtemps, ce que j'ai raté dans ta vie, qu'est ce que tu deviens." Savoir s'il s'est remis d'elle ou s'il est comme elle, encore bloqué sur leur passé. Savoir ce qu'il s'est passé. Vraiment, comment il va. Comment est sa vie. Comme si elle pouvait y revenir. En le disant elle même elle se rend compte de son culot. Mais eh, elle n'a jamais pris de gants la demoiselle, elle a toujours sauté à pieds joints de la falaise sans prendre le temps de réfléchir. La preuve est là, elle s'est littéralement posée à sa table et espère qu'ils vont juste bavarder et prendre un thé. Il est sans doute trop tôt pour en rire. Mais ça fait longtemps aussi. Est-il toujours aussi énervé que son ton le laisse entendre ?

On peut pas lui reprocher de pas essayer au moins : c’est juste l’autre c’est une tête de mule renforcé au béton. Et non ce n’est pas uniquement parce que c’est elle, Lucas a toujours eu cette façon de repousser les gens quand il le veut. Elle se retient de lui lancer une pique doublé d’une remarque à son caractère d’âne buté. Ce n’est pas le but, ce n’est pas le point, il faut qu’elle montre patte blanche et qu’elle fasse le coup du joli sourire pour le charmer un peu. Il faut commencer quelque part. Elle n’espère pas tant. Juste quelques paroles pour commencer. ”Ca peut me faire ! Je m’intéresse !”

Non mauvais ton, on dirait qu’elle est agressive là. Elle se réinstalle dans sa chaise et se force à souffler. Doucement on a dit, tranquillement et calme. ”Ecoute, franchement … on est dans la même confrérie, dans la même fac, on fréquente les mêmes personnes … à un moment donné on allait se croiser, autant que ça soit maintenant, qu’on puisse discuter un peu.” A un moment aussi on se penchera sur le culot et sur le forcage d’Alaska mais bref. Elle regarde Lucas, se penche un peu et l’observe. OK malgré son énervement et c’est sans doute normal à son égard, il a l’air en effet d’aller bien. Elle ne peut pas lui en vouloir c’est normal. Elle n’a pas dit que ça allait être simple. ”Vraiment c'est juste ça, je t'ai vu et je me suis dis … qu’on pourrait se parler, comme deux personnes civilisées. Donc non j’vais pas partir, pas tout de suite. On peut juste avoir une conversation ? S’il te plait ?” La prochaine question elle le sent, ça sera pour parler de quoi. S’il le veut bien. Pour l’instant elle est sincère. Elle veut juste qu’ils se parlent. Ca serait une première étape. Après, on verra. ”Vraiment, j’demande pas grand chose non ?” Non. Mais encore une fois, elle ne pense qu’à ce qu’elle veut elle. L’avis de l’autre ? Elle ne l’a même pas demandé.