says he wanna dance
( alastor & percy )

TW : usage de drogues / propos à caractère sexuel

Ton regard qui plonge dans la foule. Aucune envie de mélanger ton corps à la transpiration des autres. À sentir leurs coups de bras, incapables de danser convenablement. À tenter de frayer un chemin pour retrouver un ami à l’autre salle. Tu préfères rester en hauteur. Le corps inerte. En passant près de toi, il serait certain de voir le vide dans tes yeux. Ton cerveau part ailleurs, déconnecté de cette soirée sans intérêt. Il est ce genre de soir où il semble impossible pour toi de te mélanger, de faire semblant d’apprécier une musique qui tape trop fortement dans tes tympans. Mais chaque fois, tu te laisses pousser par la confrérie, pensant toujours que les basses auraient un effet différent. Sous amphétamines, tu ne réagis pas avec nausée à ces battements de musique. Au contraire, il paraîtrait que ton corps en comprenne les nuances et se laisse porter par les vibrations. Si ce n’est pas le cas ce soir, une autre alliée t’attend. Nichée au fond de ta poche, cachée dans un pantalon droit bleu marine, le sachet repose sagement, attendant son heure. Attendant le moment limite où il te sera devenu insupportable d’écouter cette musique sans stimulants. Or. À l’instant. Ce qui te stimulerait ressemble davantage à un arrière bien monté. Tes yeux se faufilent pour ne pas perdre de vue cette paire qui se balade trop rapidement. Surexcitée, presque défaillante, maladroite. Son corps qui se balance dans la salle. Impossible de la visualiser clairement. Intrigué, ta faim qui s’accroît. Entre l’incrédulité d’avoir remarqué ces fesses rebondies et la hargne de les retrouver. Les goûter. En faire un festin. Pouvoir dessiner des rails de neige sur un tel derrière. Tu rêves déjà de ce corps décomposé dont tu ne gardes qu’un aspect. Comme s'il était possible de ne sélectionner que des parties d’une personne, telle une poupée dont on retire les défauts pour n’en garder que sa magie. Son cul magique. Tes mains qui se renferment sur la barre de l’estrade, ton membre qui veut saisir ce cul, le sentir près de ta taille. Alors, tu le cherches, à nouveau. Dora l’exploratrice ayant grandement besoin de sa carte face à un chipeur qui semble lui avoir volé sa dulcinée appelée fesses. Tes sens sont aux aguets. Une latine. Des cheveux bruns, sombres. Tu retrouves l’autre partie. Mais ça ne colle pas. Elle paraît trop élancée. Tu voyais la propriétaire de ce majestueux train plus petite, au dos musclé. Quelques secondes suffisent. Elle est là. Un vrai pétard. Tu vrilles. Incapable de rester passif face à la déesse fesse qui passe sous tes yeux. Alors, tu t’actives. Tes gestes qui se font précipités. Elle est en blanc. Enfin, tu crois. Tu penses surtout à la neige qui t’attend, coquine, prête à être ingurgitée d’une traite. Tu ne te caches même pas, ne prends pas le temps de te cloître pour te donner suffisamment d’énergie. Tu t’installes sur un des canapés aux côtés d’un pi sigma. D’un geste rapide, impatient, tu renverses des verres vides pour te faire suffisamment de place. Tes mouvements fastes, signe d’un manque certain. Tu quémandes hâtivement une carte de crédit. Quelque chose qui fera l’affaire. Ton sachet que tu ouvres tout aussi vite. Comme des bonbons en récré tes compagnons sont à l’affût. Veulent goûter, sentir la stimulation addictive. Trois traces, parfaitement alignées. Un grand sourire qui s’affiche, victorieux. Affamé, tu penses être certain que dans quelques heures tes mains pourront claquer ce cul que tu raffoles. Tomber d’amour pour ce morceau de chair. Tomber littéralement. Ton visage qui plonge sur la table, une paille saisie à la volée, histoire de. Un râle animal qui sort de ta gorge. Un tigre en cage prêt à rugir pour retrouver sa proie. Première gourmandise dans les neurones. Manque plus que l’autre à te mettre sous la langue. Et sous l’excitation, capable de traverser la salle pour la conquérir, tu te lèves en direction de la sortie. Rares sont les fois où tu acceptes d’aller dans la masse. Mais pour elle, visiblement, tu serais prêt à te mélanger à ce qui te semble sale. Ton adrénaline s’arrête le temps d’un choc. Tu ne la retrouves plus dans tes vives observations. Tu retrouves bien la latine amie de celle que tu convoites, mais aucune trace de la fameuse. Disparue. Tu guettes les toilettes, persuadé qu’elle devrait en sortir. Alors que tes yeux tentent de sortir de leur orbite pour retrouver ce cul de mille nuits, tu sens une main s'agripper à ton corps. Les sourcils froncés, aigri face à cette personne qui gâche ta chasse. Tu n’as pas le temps de réagir et de comprendre que la personne glisse son bras dans ton dos. Une friction. Ton corps en émoi. Tes poils frétillent face à ce bras, dont, l’espace d’un instant, tu aimerais qu’il te saisisse. Qu’il t’empoigne plus lourdement. La voix plus grave de ce que tu as l’habitude d’entendre se fond dans tes oreilles. Un souffle chaud, presque sensuel qui tient en haleine tes sens “Merci pour l'coup d'main, je te dois absolument un verre?” Alors tes yeux qui s’excitent. Ce n’est pas celle que tu recherches. Ce ne peut être elle. Car c’est lui. Lui avec un accent drôlement français. Tu te remémores les pistes audio de ta professeure. Une langue que tu as toujours trouvée éprouvante. Mais rien d’aussi douloureux face à l’émotion qui te submerge en voyant un homme face à toi. “De l’eau ça ira” que tu réponds comme à un serveur. Mettre une distance. Incapable de riposter convenablement. Ton regard qui tente de savoir si les autres t’observent, te voient avec un homme. Et ce regard qui continue de chercher ce corps que tu attends. Ce corps que tu veux contre toi alors que celui que tu as près de toi te fait déjà trop d’effet. Tu ne réagis pas davantage, par politesse d’abord, persuadé que l’homme en face de toi n’agit que pour s’excuser. Mais à mesure que son visage reste posé sur toi, tu remarques de plus en plus une paire de lunettes (à défaut d’une belle paire de fesses) en train de s’échapper. D’un geste automatique, tes mains viennent soulever ses lunettes pour les glisser entre ses boucles. Et c’est sûrement ce geste qui te fait prendre conscience. C’est un homme. Et tu recules, un peu plus, à quelques centimètres du mur derrière toi. “Tu devrais aller voir ailleurs” que tu annonces d’une voix semi-assurée. Mais suffisamment pour comprendre que tu n’arriveras pas à rester plus longtemps dans cette situation ambigüe. Six minutes que cette poudre se répand en toi. Six minutes durant lesquelles ton excitation s’emporte, où tu réalises à la fois tout trop tard, et tout trop vite. Trop tard parce que tu as son bras sur ton dos, trop vite comme tu as des effets. Qu’il te fait des effets.

Cette soif débordante. La bouche pâteuse. L’envie soudaine de se laver les dents. Mais surtout de boire une gourde d’eau. Ce liquide que tu rêves de voir couler le long de ta gorge. Besoin d’hydratation. De retrouver l’esprit qui commence à s’envoler. Qui deviennent des esprits. Des palpitations fastes. Ton souffle qui a du mal à suivre ce qu’il se passe autour de toi. Et ton regard qui s’attarde de plus en plus sur l’inconnu. Tes yeux se plissent comme pour essayer de cerner davantage son visage. Il te dit à la fois grandement quelque chose. Et à la fois l’inconnu au bataillon. La sensation de l’avoir déjà aperçu. Peut-être une story instagram… ? À partir de là le cerveau déraille, le besoin vital de savoir où il aurait pu apercevoir ce visage insolent. Tes yeux se ferment de plus belle pour ne plus que voir deux gros sourcils. Qui sur les réseaux pourrait connaître ce gars ? Asher ? Tu penses secouer la tête pour dire non mais ce bousculement de gauche à droite ne s’effectue que dans ton cerveau. Un ami d’Iris ? Puis subitement, sa voix vient à nouveau sonner dans tes oreilles. Si la première rencontre avec l’inconnu aurait pu faire fi d’une sensualité dotée d’une séduction crescendo, la deuxième phrase sortant de sa bouche est plus grasse. Comme un bruit de cochon que l’on étrangle. "HEIN?" Tu grinces des dents en l’écoutant, les yeux écarquillés. Pourquoi tu causes comme ça ? Que ton regard te fait dire. Mais incapable de contrôler ta bouche. Incapable de contrôler quoi que ce soit en fait. Parce que tout s’enchaîne beaucoup trop vite.

Comment on en arrive là ? C’est vrai après tout. Comment deux personnes peuvent s’épancher autant sur l’autre sans se connaître. Comment ton seul objectif peut être celui de te fondre dans son corps pour ne faire qu’un ? Ne plus vouloir, ni apercevoir quelconque émotion que celle-ci : l’obsession d’être à lui, près de lui ? Et puis quel adverbe pourrait convenir face à ton esprit qui ne réagit qu’à travers cet inconnu. Perdre autant conscience parce que bien trop épris par les stimuli euphorisants. Ce ne sont plus tes inhibitions qui s’évaporent, c’est toute ta conception de toi-même. Une virilité qui ne se conjugue que par hétéronormativité. Celle-ci d’autant plus exacerbée qu’elle pense s’épanouir dans une vision bien-pensante de l’abomination. Formatage jusqu’aux entrailles de tes réflexes. La parole qui déroge à tout respect d’autrui, quand bien même autrui est le fruit défendu de tes fantasmes. Incorporation de valeurs sujettes à répression. Donc encore une fois, comment on en arrive là ? Capable de mettre de côté ces ignominies réactionnaires pour se délecter d’un paradis hédonique ?